La Vème République
Notre Vᵉ république constitue un système qui a été fait par De Gaulle (avec la participation de M. Debrès) pour De Gaulle, en 1958, les circonstances s’y prêtaient. Le pays sortait d’un conflit mondial. Aujourd’hui ce système est toujours en vigueur. La 5ᵉ république implique la personnification du pouvoir par le président de la république, cette spécificité réclame donc une personnalité capable de mener à bien un objectif, il doit avoir une vision et apporter des solutions aux problèmes auxquels l’état pourrait être confronté.
Lorsque l’objectif est clairement identifié (remettre un pays « sur de bons rails » au lendemain d’une guerre et régler le conflit algérien), il est justifié de faire appel à un homme susceptible d’incarner cet objectif (et ainsi retrouver une certaine grandeur). La situation actuelle étant bien différente et forcé de constater qu’au fil des années le mythe de l’homme providentiel engendre une certaine déception auprès du peuple, (il serait naïf de penser pouvoir « trouver un De Gaulle » tous les cinq ans). On peut alors se demander si il est bien nécessaire de conserver ce système.
De cette spécificité en résulte un pouvoir centralisé autour du président et du parlement, (les membres gouvernement étant lorsque cela fonctionne et que le président remporte la majorité considérés par l’assemblée comme de simples représentants au service du président). De par cette concentration on constate également la notion d’éloignement non pas seulement sur le plan géographique mais aussi sur la réalité de la vie quotidienne du peuple (ou plutôt des peuples). On dit alors que la classe politique est déconnectée, beaucoup s’en défendent justifiant un travail de terrain comme s’il suffisait de distribuer des tracts et de serrer quelques mains pour identifier les problèmes que rencontre la population.
Comme expliqué précédemment la personnification du pouvoir peut s’expliquer et se justifier après une période de troubles que ce soit après la révolution où Napoléon, qui après de nombreuses victoires militaires avec l’armée républicaine est sollicité et approuvé suite aux difficultés qui ont suivi la Révolution (assemblée tyrannique, terreur, directoire corrompu…) ou De Gaulle après la seconde guerre mondiale. Après de telles périodes complexes, les Français ont fait appel à une personne qui incarne une image de droiture associée à la stabilité pour remettre le pays sur de bons rails (Napoléon comme De Gaulle étaient largement approuvés par la population française).
Raisons justifiant un pouvoir personnifié (exemple de la Russie)
Prenons maintenant un cas de figure hors de nos frontières, le cas de la Russie et de Poutine qui est perçu par les médias français comme un dangereux dictateur sans chercher à comprendre un instant pourquoi il est au pouvoir depuis 2000. Or, les Russes semblent faire confiance à Poutine comme les Français faisaient confiance en De Gaulle pour relever le pays.
Un pouvoir concentré peut s’expliquer pour peu qu’on s’intéresse aux circonstances. L’histoire de Poutine est alors intéressante de par ses paradoxes : Comment un ancien agent du KGB (service secret de l’URSS) se retrouve à la tête du pays en défendant les valeurs patriarcales de la Russie orthodoxe qui était persécuté par le régime communiste ? (Régime pour lequel M.Poutine travaillait initialement).
La longue période de troubles de l’URSS communiste qui a débuté en 1916 après une révolution pour finir en 1991 a mis l’économie Russe en grande difficulté. Pour s’en sortir, il n’est pas surprenant de faire appel à un homme pour réunir le pays autour d’anciennes valeurs communes (« russes blancs », retour aux valeurs de la Russie tsariste…), la Russie d’avant le communisme peut constituer pour le peuple russe une renaissance. Solliciter le patriotisme au moyen d’un pouvoir concentré autour d’une personne qui s’impose naturellement afin de se relever peut constituer une solution compréhensible. La recherche d’un gage de sécurité peut également expliquer ce choix.
L’exemple russe peut donc expliquer les raisons qui peuvent pousser un peuple à approuver un pouvoir concentré. Il est toutefois surprenant qu’un ancien agent du KGB soit désigné pour venter les mérites de la Russie « Orthodoxe ». Le récent conflit avec l’Ukraine semble toutefois rendre un bon nombre de Russes perplexes quant aux bénéfices que le pays pourrait tirer de ce conflit y voyant surtout les sacrifices que cela coûte mais c’est un autre sujet. Notons cependant que le peuple russe paraît de plus en plus méfiant à l’égard d’un « Poutine » vieillissant et jouant son va-tout au travers du récent conflit l’opposant à l’Ukraine.
La sensation d’un pouvoir éloigné (exemple de la révolution américaine)
Cependant, la sensation d’un pouvoir éloigné et le ressentiment que cela engendre peut naturellement amener une population à se soulever. L’histoire l’a démontré à plusieurs reprises. Un exemple concret serait celui de la révolution américaine: si on recherche les causes de cette dernière, nous constatons d’abord que le roi Georges taxe fortement les colons (éloignés du pouvoir et non représentés à la chambre des lords, les colons anglais ne comprennent logiquement pas un tel taux d’imposition).
Après la guerre de Sept Ans (1756-1763), la Grande-Bretagne imposa des taxes à ses treize colonies d’Amérique du Nord sans les consulter. Les colons américains protestèrent auprès du roi George III et du Parlement de Londres. La métropole envoya des troupes pour mater la révolte. De ce mouvement de contestation naîtra une nouvelle nation se voulant libre et indépendante, Les États-Unis d’Amérique, dont la constitution reste « inchangée »* depuis 1789.
L’éloignement du pouvoir avec la population
En fin d’année 2019, M.Macron avait reconnu avoir échoué à réconcilier les Français avec la politique, a t-il identifié les raisons de cet échec? La première réponse est sans doute l’éloignement entre le pouvoir, de ses objectifs (gagner les prochaines élections) et les préoccupations des Français (représentativité, pouvoir d’achat, dignité, mobilité…)
Quelles solutions possibles pour remédier à cet éloignement? Une révision des institutions semble indispensable. En effet, n’est pas De Gaulle qui veut. Il y a maintenant 60 ans le Général De Gaulle était à l’origine de la Vᵉ République qui avait pour vocation de redresser le pays. Le contexte s’y prêtait puisque la France sortait d’un conflit et de cinq ans d’occupations. Après la démission du général De Gaulle il aurait sans doute fallu tout de suite changer de nouveaux nos institutions et la manière d’organiser le pouvoir au sein de notre pays. Beaucoup de ses prédécesseurs ayant d’autres intentions que de servir le pays (simple attrait au pouvoir, plans de carrière…) et n’ayant pas les compétences pour endosser un tél statut.
Un tel système qui perdure dans le temps est propice à de nombreuses déviances, le pire étant le ressentiment perçu par les citoyens envers les élus qui en bénéficient et l’image qu »ils rejettent (carriériste, clientélisme, mensonges, privilèges…).
Il peut aussi en résulter une dégradation du Pays (du niveau de vie, de l’économie…) et ce dû aux choix non assumés de nos dirigeants et de leurs répercussions: creusement de la dette, politique de la taxe, nivellement des classes moyennes vers le bas. Ces choix court-termistes sont le résultat de la préoccupation « du politique » à soigner son plan de carrière.
s’engager au nom du peuple
Nos dirigeants ont aussi pris l’habitude maladroite de s’engager au nom du peuple auprès d’organisations mondiales sans le consulter (ONU, Union Européenne,OMS…).
Exemple de maladresse (ayant, je pense conduit aux mouvements de mécontentement logique que nous avons connu avec les gilets jaunes) dans le cadre des accords de Paris où en 2015 Hollande, soucieux de son image (l’aspect d’un président « écolo » pouvant faire remonter sa cote de popularité auprès de « ses clients » et également auprès des hauts fonctionnaires de Bruxelles), engage son pays (la France) et donc son peuple à réduire les gaz à effet de serre sans même l’avoir consulté. Le plan d’action est simple, privilégier les modes de transports « propres » aux détriments des automobilistes (qui seront taxés car jugés comme principaux responsables du « réchauffement climatique »). Le message de sa part était clair : Oui, nous allons réduire l’émission des gaz à effet de serre, puisque nous Français sommes soucieux de l’écologie. Sans préciser évidemment que de toute façon, ce sont les automobilistes qui paieront la note (des automobilistes que l’état a incités à consommer du Diesel pendant plusieurs décennies et qui devra du jour au lendemain financer la « transition » dite écologique).
Pour en revenir au mouvement des gilets jaunes, je pense que cela traduit un problème systémique, institutionnel et fiscal (mouvement déclenché par la taxe carbone), dans l’ensemble, les gilets jaunes ne réclament pas plus d’aides de l’état mais moins de taxe, moins d’impôts (M.Macron peut recevoir les différents acteurs politiques composant l’opposition, le problème n’est pas là). La classe moyenne étant systématiquement nivelée par le bas, elle ne se sent de toute manière pas représentée par l’ensemble du « paysage politique », pire encore, elle a toutes les raisons de se sentir trahie par l’ensemble de la classe politique.
L’éloignement du pouvoir avec le réel.
La concentration du pouvoir, associé aux échecs dont nos dirigeants sont responsables (puisqu’ils prétendent pouvoir résoudre les problèmes des Français pour justifier leur place), nous amènent logiquement à penser que nos responsables politiques sont incompétents. Quelles pourraient être les raisons de ce constat ? Les élus (dont quatre présidents sous la Vème République) sortent de l’ENA*. Ces énarques sortent de leur cursus avec plein de connaissances les conduisant vraisemblablement à trop de certitudes qui entraînent visiblement une incapacité à la réflexion, ils semblent perdus dès qu’il faut sortir du schéma théorique appris à l’école et se confronter au « réel ».
L’exemple du mouvement des gilets jaunes ou encore la gestion de la pandémie de Covid 19 révèle là aussi cet aspect. En effet, pour répondre à ce problème, M. Macron applique le schéma classique ne nécessitant pas beaucoup de réflexion (pas de plan à la destination des hôpitaux, pas de réflexion, court passage dans les hôpitaux en signe de soutien mais sans réelle écoute et encore moins d’effort de compréhension des problèmes, si bien qu’on se demande s’il ne fait pas uniquement du marketing, on met en place un conseil d’experts à qui on confie le pouvoir en la personne de M. Delfraissi, président du conseil scientifique qui dictera ses mesures, dont la principale consiste simplement à « tout fermer » et enfermer la population à son domicile) sans oublier bien évidemment de « débloquer » des milliards pour assister les entreprises victimes de ce choix politique que je qualifierai d’excès de « saint simonisme »*, en effet, il peut être intéressant de se tourner vers des experts d’un domaine précis pour résoudre un problème mais il ne faut toutefois pas oublier l’aspect global de la politique qui ne se limite pas à quelques secteurs d’actions.
Qu’il s’agisse de décisions répondant à une « crise » dite climatique ou de décisions répondant à une « crise » dite sanitaire, l’intervention d’un pouvoir centralisé aura généralement des effets négatifs sur l’ensemble de la population et plus largement sur le pays. Ces deux exemples récents ont eu pour conséquences l’augmentation des prix des carburants « à coups de taxes » et la restrictions des libertés « à coups de confinements et de vaccins ».
Les problèmes de représentativité et de l’éloignement du pouvoir ressentis par la population étant identifiés quelles solutions pour y remédier ? Il y aurait bien des solutions efficaces à apporter pour remédier à ces problèmes propres à la Vème République (qui à mon sens n’aurait pas dû perdurer après la démission du Général De Gaulle). Concernant ce point je ne manquerai pas d’évoquer quelques pistes dans un prochain article.